- Série : Publications de l'INRS
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Un ouvrage collectif dirigé par Laurence Charton, professeure à l’INRS, et Chantal Bayard, candidate au doctorat à l’INRS, vient d’être publié par les Presses de l’Université du Québec.
L’ouvrage Des imaginaires aux réalités conjugales et familiales s’intéresse aux conditions associées à la réalisation d’un projet de couple et de famille, une préoccupation importante pour plusieurs. Cette réalisation s’appuie sur des modèles élaborés à partir de représentations sociales générées par diverses sources : œuvres littéraires, philosophiques, scientifiques, populaires, mais aussi cinématographiques ou médiatiques. Or, ces modèles engendrent des attentes qui se heurtent aux réalités quotidiennes, et qui peuvent donner lieu à un lot de déceptions, de désillusions, mais aussi d’adaptations et de renouvellements.
La professeure Laurence Charton, sociodémographe à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), a initié cet ouvrage collectif dans le but de mieux saisir l’influence des imaginaires sur les itinéraires conjugaux et familiaux.
« Cet ouvrage contribue à éclairer l’importance des imaginaires dans la construction des scénarios personnels et familiaux, la manière dont ces imaginaires s’élaborent, mais aussi les désillusions, les souffrances et les adaptations qui peuvent leur être associées. Par exemple, l’imaginaire occupe une place centrale dans l’expression du sentiment amoureux et d’un désir d’enfant, de sorte que “ trop d’attentes idéalisées ” peut conduire certaines personnes à ne pas réaliser leurs “ rêves ” de vie de couple ou de famille, ou peut mener à des désenchantements conjugaux ou familiaux », livre Laurence Charton, dont les recherches portent, entre autres, sur les représentations familiales et les transitions à la parentalité.
La chercheuse précise qu’il n’y a pas eu jusqu’à présent beaucoup d’études sur le rôle des imaginaires sur les parcours familiaux. « Par exemple, pour avoir un enfant, notre idéal de famille nous pousse à attendre d’avoir le “ le bon âge ”, être “ ni trop jeune ni trop vieille ”, mais aussi de se considérer dans une relation stable définie selon certaines normes sociales. Alors, même si le désir d’enfant est fort, si certaines conditions ne sont pas remplies cela peut conduire certaines personnes à renoncer à l’enfant, explique Laurence Charton. De même, l’écart existant entre son idéal de famille et la réalité peut mener à des périodes de dépression, d’angoisse, de tensions conjugales, et parfois de désillusions, de regrets et de remise en question de son couple et de ses projets familiaux. »
Mais ces désillusions ou désenchantements conjugaux et familiaux permettent aussi de mettre à jour l’emprise des normes sociales auxquelles les personnes sont assujetties tout en remettant en question la force de la construction sociale de ces normes, dans la mesure où certaines personnes réussissent à s’en affranchir en transcendant leurs difficultés et conditions.
« La richesse des contributions à cet ouvrage collectif permet de mieux saisir l’importance des études sur les imaginaires familiaux, tant pour la communauté scientifique que pour les personnes intéressées à mieux comprendre, et possiblement à mieux accompagner, les imaginaires, les attentes et les désillusions conjugales et familiales vécues par les individus et les couples. »
Laurence Charton, sociodémographe et professeure à l’INRS
Une collaboration interdisciplinaire et interuniversitaire
Cet ouvrage collectif fait suite au colloque « Couples, enfants et projets familiaux : de l’imaginaire à la réalité » qui a eu lieu en 2019 dans le cadre du congrès de l’Acfas. Ce colloque soulignait le 15e anniversaire de la revue internationale francophone de recherche Enfants Famille Générations, dirigée par la professeure Charton.
Plusieurs chercheuses et chercheurs du Québec, du Canada, de la Suisse, de la France, d’Espagne et du Brésil, ayant participé au colloque, ont été invités à poursuivre les échanges en contribuant à l’ouvrage. De cette collaboration interdisciplinaire (anthropologie, démographie, psychologie, sexologie, sociologie et travail social) résultent 14 chapitres abordant différents questionnements sur le thème commun de la famille.
Alessandra de Andrade Rinaldi, de l’Université Fédérale Rurale de Rio de Janeiro au Brésil, a travaillé auprès de parents adoptants. Dans le chapitre D’un idéal à la réalité, elle montre comment la démarche fastidieuse d’adoption peut conduire certains parents à revoir leurs idéaux familiaux.
Dans le chapitre Vivre à la campagne, entre choix de vie et désillusion, il est question de l’imaginaire des parents qui décident d’élever leurs enfants loin des villes pour leur offrir une meilleure qualité de vie. Jean-Marie Le Goff, de l’Université de Lausanne, et Regula Zimmermann, de l’Université de Bâle, y exposent les contraintes issues de la vie « au vert », tel que le manque de transports ou d’infrastructures.
Ont également collaboré à l’ouvrage, Chantal Bayard (INRS), Laurence Charton (INRS), Chloé Dauphinais (Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales et les discriminations), Alessandra de Andrade Rinaldi (Université Fédérale Rurale de Rio de Janeiro), Amilie Dorval (UdeM— Université de Montréal), Mylène Fernet (UQAM—Université du Québec à Montréal), Andrée Fortin (Université Laval), Miguel David Guevara Espinar (Universidad de Salamanca), Jean-Marie Le Goff (Université de Lausanne), Sylvie Lévesque (UQAM), Joseph Josy Lévy (UQAM), Andreea-Catalina Panaite (UdeM), Jessica Pothet (Université de Lorraine), Maude Pugliese (INRS), Phyllis L.F. Rippey (Université d’Ottawa), Annick Vallières (UdeM) et Regula Zimmermann (Université de Bâle).
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