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Plus de polluants dans les poissons en Arctique lors des étés chauds

1 septembre 2011

Mise à jour : 1 septembre 2011


Les campagnes de recherche à long terme ont une grande valeur scientifique, car les chercheurs peuvent ainsi détecter très tôt l’évolution possible des différents scénarios. C’est sur une telle richesse de données que se fonde le projet High Arctic d’une équipe de chercheurs autrichiens et canadiens revenue récemment de sa quinzième saison dans l’Arctique.

 

Le biologiste Günter Köck, du Österreichische Akademie der Wissenschaften (Académie autrichienne des sciences), coordonne ce programme international de recherche portant sur l’accumulation de métaux lourds et de polluants organiques dans les lacs arctiques. Les résultats de la campagne annuelle seront disponibles vers la fin septembre, mais une tendance à long terme est d’ores et déjà évidente : plus l’été arctique est chaud, plus la concentration en métaux lourds (en particulier le mercure et le cadmium) dans les poissons est élevée.

 

Günter Köck décrit ainsi le réchauffement observé : « Nos travaux de terrain se déroulent dans la région de Resolute Bay, sur la côte sud de l’île Cornwallis, dans le Haut-Arctique canadien. Le 9 juillet 2011, on y a enregistré 18,7 degrés celsius, la température la plus élevée jamais mesurée à cet endroit. À partir du 25 juillet, douze journées ont vu le mercure atteindre au moins 16 degrés. Les cavernes de glace que l’on retrouvait dans la région se sont effondrées il y a quelques années et maintenant, elles sont presque entièrement fondues. Des collègues du programme High Arctic ont également signalé des observations similaires pour d’autres îles de l’Arctique. »

 

Les chercheurs ont analysé la pollution des lacs de l’Arctique canadien à partir de truites de lac. Le touladi est l’un des rares poissons qui peut survivre dans ces régions extrêmement froides, mais il est sensible au réchauffement. « Ces poissons sont des bioindicateurs des changements climatiques mondiaux. Durant l’été, ils accumulent plus de métaux lourds. Quand il fait chaud, ils ont besoin de plus d’oxygène et doivent pomper plus d’eau à travers leurs branchies. Ils ingèrent alors plus de polluants. Nous cherchons également à savoir si les poissons ont des problèmes de santé reliés à des changements dans le sang, le foie et la reproduction », explique Kock.

 

En parallèle, Gretchen Lescord, étudiante à la maîtrise à l’Université du Nouveau-Brunswick, s’est attardé à l’accumulation saisonnière du mercure dans la chaîne alimentaire arctique. Pour ce faire, elle a échantillonné à intervalles réguliers l’eau, les algues, le phytoplancton, le zooplancton et les insectes dans les lacs à l’étude.

 

Paul Drevnick, un jeune professeur-chercheur au Centre Eau Terre Environnement de l’INRS, est impliqué dans ce projet international. Il est un spécialiste de la contamination par le mercure; sa thèse de doctorat portait l’accumulation et la toxicité du méthylmercure (la forme organique du métal) chez les poissons. Paul et son étudiant au doctorat, Benjamin Barst, ont collaboré cet été avec Günter Köck au suivi de huit lacs. Les poissons qu’ils ont pêchés seront analysés en laboratoire.

 

En Arctique, le mercure arrive du Sud, transporté sur de longues distances par les vents, puis est déposé sur la neige et la glace. Le mercure se retrouve ensuite dans l’eau de fonte et fait son chemin jusqu’aux milieux humides et aquatiques. Les microorganismes l’absorbent et le transforment en mercure organique. Cette forme du métal s’accumule dans les graisses, le cerveau et les cellules nerveuses des organismes vivants et peut causer d’importants dommages à long terme.

 

 

⇒ Consulter l’article original (en allemand) paru dans le Salzburg Nachrichten.