En plus d’avoir développé l’expertise de la communauté scientifique francophone du Québec, le microbiologiste et fondateur du centre de recherche qui porte aujourd’hui son nom a inscrit les bases sur lesquelles se fondent la mission et la vision de l’INRS.
Le secret du développement scientifique réside dans la collaboration entre les chercheurs et le partage des savoirs. Armand Frappier a consacré l’ensemble de sa carrière à mettre sur pied des équipes de collaborateurs issus de diverses disciplines afin de répondre aux besoins en santé publique de la société québécoise. « Ce sont ces collaborateurs qui ont fait évoluer la science et qui ont permis à l’Institut d’être ce qu’il est aujourd’hui », atteste avec fierté sa fille, Michèle Daigneault-Frappier. Ce partage et cette aspiration de participer activement au développement social et économique du Québec constituent encore aujourd’hui l’essence du mandat de l’INRS. « C’était un visionnaire. Il a suivi son idée et il est allé jusqu’au bout », poursuit-elle.
Le docteur Frappier a bénéficié de l’ascension importante de la bactériologie au 20e siècle pour fonder l’Institut de microbiologie et d’hygiène de l’Université de Montréal (IMHUM) en 1938. Il a de plus bâti la première école d’hygiène universitaire de langue française au monde en 1945 afin de former la relève scientifique en santé publique. « Il n’est pas seulement monté dans le train, il en est devenu la locomotive », commente l’archiviste de l’INRS, François Cartier.
Le docteur Frappier a créé son institut sur le modèle Pasteur qu’il a observé lors de ses études à Paris. Les services qui y ont été offerts, comme la production de vaccins, ont permis au centre de vivre du fruit de ses activités commerciales durant plusieurs années. En 1963, afin de répondre à ses besoins croissants, l’Institut déménage et s’installe de façon permanente à Laval, sur le site que l’on connaît aujourd’hui.
Puis, en 1998, l’Institut Armand-Frappier devient l’un des centres de recherche de l’INRS. Le centre sera d’ailleurs le premier établissement nord-américain à joindre le réseau international des Instituts Pasteur en 2005.
Le docteur Frappier a également laissé en héritage plusieurs archives qui sont fort utiles aux chercheurs actuels de l’INRS. « J’ai la chance de travailler directement avec le legs d’Armand Frappier » explique Marie-Claude Rousseau, professeure titulaire spécialisée en épidémiologie. Dans le cadre de ses travaux, elle utilise le registre de vaccination contre la tuberculose que le docteur Frappier a mis sur pied à l’époque. Elle témoigne également des nombreux travaux collaboratifs menés par ses étudiants et collègues : « selon moi, le docteur Frappier serait heureux de retrouver cette multidisciplinarité encore de nos jours dans cette institution ».
Armand Frappier est né à Salaberry-de-Valleyfield en 1904. La tuberculose a emporté plusieurs membres de sa famille, dont sa mère à quarante ans. Ce drame marquant lui aura donné la détermination et la motivation de s’engager à faire évoluer le système de santé publique du Québec, et ce même après sa retraite en 1974. Il décède en 1991 à l’âge de 87 ans, laissant derrière lui un héritage précieux et plusieurs archives. « Il nous a laissé le plus beau des cadeaux, il a fait évoluer la science » souligne sa fille, Michèle. « Quand on voit aujourd’hui tout ce qui se fait, je dis bravo. Des gens ont suivi les traces des pionniers et ce n’est pas fini », termine-t-elle.
- Vaccination contre la tuberculose BCG (Bacille Calmette-Guérin)
- Vaccination contre la poliomyélite
- Vaccination contre la diphtérie, coqueluche et tétanos (DCT)
- Production de sérum humain pour les forces armées lors de la Deuxième Guerre mondiale
- Autonomie du Québec en matière de production de vaccins
- Formation de plusieurs générations de scientifiques francophones au Québec
- Rayonnement de l’Institut au niveau national e tinternational
- 1946 – Officier de l’Ordre de l’Empire britannique
- 1948 – Officier de l’Académie nationale de médecine de France
- 1969 – Compagnon de l’Ordre du Canada
- 1970 – Prix de l’œuvre scientifique de l’Association des médecins de langue française du Canada
- 1985 – Grand officier de l’Ordre national du Québec
- 1993 – Membre de la Société royale du Canada
- 2012 – Intronisation au Temple de la renommée médicale canadienne
- Plusieurs doctorats honorifiques, dont un, délivré par l’Université de Paris en 1964.