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Une équipe de l’INRS publie dans Environmental Health Perspectives la première étude in vitro démontrant les effets potentiels de ces pesticides sur la santé humaine.
Étant les pesticides les plus utilisés dans le monde à l’heure actuelle, les néonicotinoïdes défraient fréquemment les manchettes pour leurs effets délétères sur les abeilles domestiques et autres insectes polinisateurs. Or, selon une étude publiée dans la prestigieuse revue Environmental Health Perspectives, il est possible qu’ils aient également un impact sur la santé humaine en perturbant le système hormonal. Cette étude du professeur Thomas Sanderson de l’INRS invite à une exploration plus poussée des effets des néonicotinoïdes.
Récemment, le gouvernement du Québec a entrepris d’encadrer de façon plus rigoureuse l’utilisation de certains pesticides, incluant les néonitotinoïdes. Ces derniers sont des insecticides que les agriculteurs utilisent largement pour contrôler les insectes ravageurs dans leurs cultures. Les néonicotinoïdes sont conçus pour agir sur le système nerveux des insectes et provoquer leur mort par paralysie. Cependant, leurs effets sur la santé humaine ont été très peu étudiés, une tâche à laquelle le professeur Thomas Sanderson et la doctorante Élyse Caron-Beaudoin se sont attaqués dans son laboratoire de l’INRS.
S’intéressant depuis longtemps aux mécanismes de toxicité des perturbateurs endocriniens, les deux chercheurs ont voulu vérifier si les néonicotinoïdes appartenaient à cette catégorie de composés.
« Les perturbateurs endocriniens sont des molécules naturelles ou synthétiques qui sont en mesure d’altérer le fonctionnement des hormones. Ils altèrent la synthèse, l’action ou l’élimination des hormones naturelles, ce qui peut entraîner une grande variété d’effets sur la santé. »
Précision de madame Caron-Beaudoin, première auteure de cette étude
Le duo de chercheurs a développé des méthodes pour tester l’effet des néonicotinoïdes sur la production des œstrogènes, des hormones essentielles à plusieurs fonctions biologiques. Ciblant une enzyme clé dans la synthèse de ces hormones, l’aromatase, ils ont vérifié l’impact de trois néonicotinoïdes sur des cellules de cancer du sein en culture après une exposition à des concentrations similaires à celles qu’on retrouve dans l’environnement des régions agricoles.
Les résultats de l’étude démontrent une augmentation de l’expression de l’aromatase. Le patron d’expression de l’aromatase qui a été identifié a des similarités avec celui observé dans le développement de certains cancers du sein. « Toutefois, ces résultats ont été obtenus dans un modèle cellulaire de cancer du sein et ne permettent pas de conclure qu’une exposition aux pesticides à des concentrations similaires dans l’environnement mènerait au développement du cancer », avertit Thomas Sanderson.
Cette étude est une première preuve que les néonicotinoïdes ont un effet sur l’expression du gène de l’aromatase et qu’ils ont donc le potentiel d’altérer la production des œstrogènes. La perturbation hormonale par ces pesticides devra être confirmée par de futures études, mais les résultats obtenus par l’équipe de l’INRS indiquent qu’il est judicieux d’appliquer un principe de précaution dans la gestion et l’utilisation des néonicotinoïdes.
À propos de cette publication
Cette étude est publiée sous le titre « Effects of neonicotinoid pesticides on promoter-specific aromatase (CYP19) expression in Hs578t breast cancer cells and the role of the VEGF pathway » dans la revue révisée par les pairs Environmental Health Perspective (DOI : 10.1289/EHP2698). Pour mener ces travaux de recherche, les auteurs Élyse Caron-Beaudoin, Rachel Viau et J. Thomas Sanderson ont reçu le soutien financier du Conseil national de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, du California Breast Cancer Research Program, de l’Alternatives Research and Development Foundation, du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT), et de la Fondation Armand-Frappier. ♦
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