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Dans le cadre de la Semaine canadienne de l’eau se tenant du 19 au 25 mars 2012, le chapitre étudiants et jeunes professionnels de la branche Québec de l’Association canadienne des ressources hydriques (ACRH) a organisé une table ronde sur le thème « Quels impacts le développement du nord québécois aura-t-il sur les ressources hydriques? Comment les gérer? » Cinq professeurs du centre Eau Terre Environnement (ETE) de l’INRS ont été invités à y participer. Ainsi, Normand Tassé, Monique Bernier, Normand Bergeron, Alain Rousseau et Erwan Gloaguen ont présenté et débattu leur point de vue respectif sur cette question.
Après environ 1h30 de débat, les participants à cette table ronde avaient encore beaucoup de choses à dire sur ce sujet des plus complexes. Néanmoins, certaines idées maîtresses ont été exprimées. D’abord, les panélistes ont souligné l’importance d’apprendre des erreurs du passé, et même d’un passé pas si ancien dans certains cas, afin d’améliorer la gestion de l’exploitation des ressources naturelles. Nombreux sont les projets qu’on a vu avorter au Québec ou desquels des conséquences néfastes ont découlé, que ce soit pour des populations locales ou l’environnement. Par exemple, plusieurs leçons peuvent être tirées des projets miniers de Schefferville et Murdochville ainsi que de notre approche dans la construction de routes. Il y a de nombreux enseignements à retirer de ces expériences afin de mettre les bases d’un projet solidement ficelé à long terme. Par contre, la répétition de certains évènements dans le milieu des ressources naturelles tend à montrer que l’apprentissage de nos erreurs ne se fait qu’à très long terme et que pour le développement du Nord, il faut prendre le temps de mettre en pratique les leçons tirées de nos erreurs passées.
En second lieu, le thème de la législation a été abordé. Les gouvernements doivent mettre en application le cadre législatif déjà en place, tout en continuant d’acquérir des connaissances afin de pallier aux lacunes législatives qui pourraient exister. Plusieurs aspects du Nord québécois sont encore méconnus. Des techniques qui fonctionnent bien au Sud pourraient être plutôt inefficaces si appliquées telles quelles dans le Nord. Par exemple, les techniques de gestion et de traitement des eaux usées ainsi que le transport des marchandises doivent prendre en compte le contexte spécifique du Nord québécois. Ces exemples démontrent un besoin criant pour la recherche, d’où le rôle de nos scientifiques pour approfondir ces connaissances, mais aussi l’utilisation de ces connaissances par les ministères et autres acteurs afin d’améliorer ou de modifier la législation en place pour les besoins spécifiques du développement du Nord.
En troisième lieu, la discussion de l’aspect législatif nous a mené à parler de la gestion du développement du Nord. Pour une gestion efficace, il faut que tous les acteurs, i.e. scientifiques, populations locales, gouvernements, organismes impliqués mais surtout les compagnies, se concertent afin de poser les balises de ce projet. Il ne faut pas non plus négliger les impacts sociaux, qui sont souvent les grands oubliés de ces projets. De belles initiatives ont été proposées mais nos panelistes rappellent que si les principaux acteurs du secteur d’exploitation des ressources naturelles ne participent pas aux tables de concertation, c’est d’hors et déjà voué à l’échec. Au-delà des populations locales, un point a été soulevé sur le fait que même ceux qui n’habitent pas ces régions doivent aussi s’impliquer et ne pas tomber dans le piège du « ce n’est pas dans ma cour ». La force de mobilisation citoyenne peut être un des principaux acteurs pour rappeler au gouvernement les exigences que nous voulons mettre de l’avant dans le développement du Nord.
Donc, pour que les impacts sur nos ressources hydriques soient minimes, nous avons besoin d’acquérir des connaissances plus approfondies sur le Nord québécois afin de mieux baliser ce projet et d’en assurer la réussite. Il faut aussi que les gens travaillent ensemble, afin de s’assurer que tous soient consultés, que ces connaissances soient mises à profit et qu’en bout de ligne, les futurs générations ne puissent pas mettre le développement du Nord dans « la catégorie des projets faisant partie des erreurs passées desquelles il faudra aussi apprendre ».
Photos : David Fortin, 2010 et Amélie Thériault, 2012
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